• Le syndrome de Noé ?

    Le syndrome de Noé : qu’est-ce que cette maladie mentale qui consiste à accumuler trop d’animaux ?

    Il existe une forme de maltraitance animale largement sous-estimée : elle consiste à accumuler des animaux sans se rendre compte qu’on ne peut subvenir à leurs besoins. Souvent, les associations de protection animale doivent saisir les animaux détenus dans de mauvaises conditions chez des personnes souffrant de ce syndrome de Noé. Le Dr Sarah Jeannin, psychologue clinicienne et Docteur en éthologie, nous explique ce qu’est cette maladie psychiatrique.

    Ce terme métaphorique tire son origine d’un récit biblique que l’on trouve dans le livre de la Genèse : Dieu ordonne à Noé de recueillir dans son arche un couple de chaque espèce animale, afin de repeupler la planète après le Déluge.

    Les personnes souffrant du syndrome de Noé croient sauver des animaux

    Les personnes souffrant du syndrome de Noé sont investies d’une mission de sauvetage : elles ont un besoin irrépressible d’obtenir et de contrôler toujours plus d’animaux (de toutes sortes) sans avoir les moyens de les accueillir dans des conditions décentes.

    Ce besoin est associé à un déni de leur souffrance. Après avoir sorti les animaux de la « misère », elles ne cessent d’en recueillir de nouveaux au point de ne plus pouvoir les assumer.

    Ces individus, aussi appelées des « collectionneurs » (en anglais, « animal hoarders ») se considèrent comme des bienfaiteurs ; le déni est l’un des principaux symptômes ! Le comble de ce trouble est donc que la personne se transforme petit à petit en ce qu’elle détestait au départ : une personne maltraitant les animaux !

    Syndrome de Noé : quelles conséquences pour les animaux victimes ? 

    Découverts affamés et malades, de nombreux animaux doivent être euthanasiés à chaque intervention des associations. Dans d’autres situations moins « dramatiques », les animaux ont beaucoup de mal à supporter cette « promiscuité » et bien que leur santé physique ne soit pas mise en péril, ces conditions d’hébergement portent néanmoins atteinte à leur bien-être. Ils ne sont plus libres d’éviter les interactions avec leurs congénères, ce qui est problématique pour une espèce comme le chat par exemple, qui est moins sociale que le chien ! Ils ne peuvent pas explorer librement leur environnement etc. Il y a une réelle contrainte de l’humain qui souhaite paradoxalement les protéger.

    Comment prendre en charge les malades souffrant du syndrome de Noé ? 

    C’est un problème très répandu, qui cause plus de souffrance animale que tous les actes de cruauté intentionnels réunis et qui est nettement sous-estimé. Il est donc essentiel d’éduquer et de sensibiliser les gens à cette pathologie pour arrêter les dérives et éviter les situations de maltraitance. Le syndrome de Noé peut se retrouver à tous les âges, quel que soit le sexe ou la condition socio-économique de la personne, mais des études récentes montrent qu’il touche majoritairement les femmes, les personnes seules et en particulier les personnes âgées (Ferreira et al, 2017).

    On trouve une brève description de ce syndrome dans la dernière édition du DSM V, manuel qui répertorie les différents troubles mentaux (American Psychiatric Association, 2014), incluse dans la section « trouble obsessionnel compulsif et troubles apparentés ». Néanmoins, il reste plusieurs points à élucider : le syndrome de Noé est-il une pathologie à part entière ? La manifestation délirante d’un trouble psychotique ? Quelles sont les causes, les origines de ce syndrome (carence affective, abus, traumatismes) ? De nouvelles recherches sont nécessaires pour mieux comprendre son trouble et le soigner. D’une part parce que sans soins adaptés après l’intervention, la récidive des malades s’élève à près de 100% ! Et d’autre part, parce que les malades, privés de leurs animaux, peuvent tenter de mettre fin à leurs jours.

    Ainsi, les personnes souffrant du syndrome de Noé présentent un besoin frénétique d’aider les bêtes et oublient la réalité au détriment des besoins vitaux des animaux qu’elles sauvent. Ce trouble nous rappelle une fois de plus que « l’amour de suffit pas » ! Pour respecter le bien-être de l’animal, il est nécessaire de répondre à ses besoins éthologiques (physiques et psychiques). L’animal doit être considéré pour ce qu’il est et pas uniquement pour ce qu’il apporte (combler une carence affective, réparer un traumatisme etc.).

    Dr. Sarah Jeannin
    Psychologue clinicienne, Docteur en Ethologie.

     

     

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