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Un bienfaiteur
Première partie
MICHEL DE MONTAIGNE : un grand précurseur
de la libération animale
et de la libération de la Terre.
"Les naturels sanguinaires à l’endroit des bêtes témoignent
d’une propension naturelle à la cruauté."
Michel de Montaigne
Michel de Montaigne est une grande figure de l'humanisme ;né en 1533, il meurt en 1592,
et il nous a laissé une oeuvre très intéressante: les Essais.
Plus que intéressante, l'oeuvre est formidable, car les thèses de Montaigne préfigurent admirablement celles sur la libération animale et la libération de la Terre.
On a du mal à croire que Montaigne ait vraiment pu écrire cela, tellement ses positions sont radicales, d'une grande modernité, et totalement en porte-à-faux avec l'idéologie dominante.Sa vision des animaux est ainsi marquée par un profond respect allant jusqu'au refus des hiérarchies. Dans toute son attitude, il récuse les thèses de « l'animal-machine », comme lorsqu'il dit :
« Quand je joue avec ma chatte, qui sait si je ne suis pas son passe-temps plutôt qu'elle n'est le mien ? Nous nous taquinons réciproquement. »
Mais il va plus loin : il reconnaît que les animaux sont sociaux :
" Même les animaux dénués de voix ont entre eux des systèmes d'échange de services qui nous donnent à penser qu'il existe entre eux un autre moyen de communication : leurs mouvements expriment des raisonnements et exposent des idées. "
" Ce n'est pas loin de ce que l'on voit chez les enfants,
qui compensent du geste la déficience de leur langage.
[Lucrèce, V, 1030]
Et pourquoi pas ? Nous voyons bien des muets discuter, argumenter, se raconter des histoires par signes. J'en ai vus qui étaient si adroits, si bien formés à cela, qu'en vérité, il ne leur manquait rien et se faisaient comprendre à la perfection. Les amoureux se fâchent, se réconcilient, se remercient, se donnent rendez-vous, enfin se disent toutes choses avec les yeux.
" Le silence même sait prier et se faire entendre."
[Le Tasse, Aminte, acte II] »Montaigne a donc eu la capacité d'aller au-delà des préjugés. Et il le fait parce qu'il fait partie du courant humaniste, qui affirme des valeurs de civilisation, qui veut élever le niveau culturel.
Sa pensée emprunte ainsi à l'antiquité gréco-romaine :« Je ne prends guère de bête vivante à qui je ne redonne la clé des champs.
Pythagore en achetait aux pêcheurs et aux oiseleurs pour en faire autant. »
Ce qui l'amène jusqu'à considérer que la violence contre les animaux est une base de la violence en général, ce qui vu d'aujourd'hui correspond à la critique du patriarcat (qui commence avec la domestication et la soumission des animaux) :
« Je crois que c'est du sang des bêtes sauvages,
que le fer a été maculé tout d'abord.
[Ovide, Métamorphoses, XV, 106]
Un naturel sanguinaire à l'égard des bêtes témoignent d'une propension naturelle à la cruauté.
Quand on se fut habitué, à Rome, aux spectacles de mises à mort d'animaux, on en vint aux hommes et aux gladiateurs.
La Nature, je le crains, a donné à l'Homme un penchant à l'inhumanité.
Personne ne prend plaisir à voir des bêtes jouer et se caresser - et tout le monde en prend à les voir s'entre-déchirer et se démembrer. »
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